Vivre ses rêves ou rêver sa vie

Je compte les années, les mois, les jours depuis ce jour de mes 10 ans où j’ai assisté, impuissante et traumatisée, à la dernière scène de violence de mon père sur ma mère. Il la cognait comme s’il voulait qu’elle garde en esprit ce qu’il était capable de lui faire. Des années plus tard, mon frère, influencé par l'exemple du mal/mâle de cité, croyait avoir le droit de me corriger. Je comptais les années, les mois, les jours où je ne subirais plus sa violence. Après cette énième tromperie, réalisant qu’il ne savait pas comment m’aimer, je comptais les années, les mois, les jours où je serais assez forte pour le quitter, lui, mon premier amour. Des amitiés que je croyais sincères se sont révélées être des illusions, me brisant davantage. Je comptais les années, les mois où je pourrais me détacher de ces fréquentations sans avoir peur d'être seule. Je me suis promise de partir de cette cité, pour ma survie. Mes rêves étaient à l’étroit, étouffés par la réalité brutale de mon quotidien. Chaque larme versée, chaque nuit passée me demandant si je méritais une telle douleur, m’a rapprochée un peu plus du choix de fuir. Je n’ai pas choisi de naître en cité, mais j’ai fait le choix d’en partir. Des années plus tard, me voilà à New York, Entrepreneuse avec un salaire annuel à 6 chiffres. C’est la fin de l’histoire ou le début de ma vie. Je suis Victoire de Cavalier née Tan-Tan, passée de la vie de cité à la vie en société, de l’ombre à la lumière. C'est mon histoire, ma Victoire.