Claude Prouvé, le tri postal de Nancy

Situé à proximité de la gare, au milieu d'un vaste territoire constitué, d'un côté, par l'immense poche des voies ferrées, de l'autre, par le quartier commercial Saint-Sébastien, le tri postal construit par Claude Prouvé à Nancy établit un équilibre subtil entre l'urbanité élégante d'un immeuble de bureaux et la puissance primitive d'un bâtiment industriel. Élément majeur de l'architecture des années 1970, cet édifice remarquable est menacé de destruction. Une mobilisation se dessine pour le sauver.

Extrait du livre :
ITINÉNAIRE D'UN CONSTRUCTEUR / Fils de Jean et de Madeleine Prouvé, né à Nancy en 1929 dans une famille d'artistes dont le nom est attaché, depuis l'Art nouveau, au prestige culturel de la capitale lorraine, Claude Prouvé découvre très tôt sa passion pour la peinture et pour l'architecture. Enfant, il se plonge dans les Cahiers d'Art, la revue de Christian Zervos, à laquelle il doit, dit-il, sa première initiation artistique, "en noir et blanc". À treize ans, il lit Le Corbusier et cette lecture le captive : "Je l'admirais à la mesure sans doute de l'estime qu'en avait mon père, et cela fut peut-être à l'origine de mon désir d'être un jour architecte". En 1948, après ses études secondaires au lycée Loritz, où il reçoit une solide formation technique, il entre à l'École des beaux-arts de Nancy pour y apprendre l'architecture. Son père, méfiant envers une profession qu'il juge trop détachée des contingences pratiques, aurait préféré le voir embrasser la carrière d'ingénieur. Pourtant, dans cette école d'arts appliqués encore marquée par la tradition de Victor Prouvé et de l'École de Nancy, la section d'architecture, bien qu'indépendante, côtoie les ateliers de bois et de métal, de gravure et d'imprimerie. Claude saura en faire le meilleur usage, discutant avec les étudiants des autres sections, se familiarisant avec les différentes techniques. Commencées sous la direction de l'architecte nancéien Roger Mienville, ses études se poursuivront, après son service militaire (en 1953), sous celle de Paul Lamache, puis de son successeur, Michel Folliasson. Son cursus universitaire s'étendra sur plus de dix ans, entrecoupés d'expériences professionnelles particulièrement significatives, qui marqueront profondément l'orientation de sa future carrière.